L'argile mobilise le corps et en particulier les mains qui sont le premier outil pour effectuer un modelage. Elle génère des sensations agréables ou désagréables et, est en premier lieu une histoire de contact direct entre la matière et la peau. Elle agit comme le prolongement de celle-ci. La sensation tactile éprouvée au contact de l'argile rappelle les traces mnésiques laissées par l'enveloppe protectrice qui entourait l'individu avant sa naissance et son lien maternel. Aussi, les premières "relations" avec l'argile dans un atelier d'art-thérapie se déclinent-elles souvent sous la forme de pots, de vases, et autres contenants.
Ludique pour les enfants et agréable pour les adultes, l'argile est une médiation privilégiée qui offre de nombreuses possibilités de créativité. Ses couleurs différentes et son degré de malléabilité, orientent déjà sur la nature de l'objet qui jusqu'alors n'était que pensé. En effet, la terre qui peut être battue, étirée, coupée, ou à l'inverse réunie, pétrie, caressée fait qu'une forme se détache nécessairement. Ainsi, sa mise en relief, qui est déjà passée par une séries d'étapes successives transforme peu à peu le morceau de pain d'argile en réalisation concrète et autonome. Les outils utilisés pour sculpter, ou l'eau aident à poser une distance face à des objets vécus comme trop persécuteurs.
Le décalage observé entre l'objet imaginé et la production de celui-ci, laisse au modelage un côté inconnu souvent surprenant. La confrontation à la difficulté de la matière revêt la particularité de symboliser ces deux côtés. L'objet à terme, sera investi différemment, selon la personne, il sera soit conservé (tel quel ou dans le pain de terre initial) ou encore il ne sera pas gardé.